Publiée le 23 avril 2021

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Le plan de la première gare de voyageurs de La Rochelle

Découvrez le plan de la première gare de voyageurs de La Rochelle, un dessin aquarellé, signé de l’architecte Chevillard.

© ADCM Fonds iconographiques

Dans le cadre du Mois de l’architecture, les Archives départementales vous proposent de découvrir ce dessin aquarellé, signé de l’architecte Chevillard. Plan de la première gare de voyageurs de La Rochelle, inaugurée en 1857, il apporte des informations complémentaires sur cette gare dont l’architecte était inconnu.
Il a été donné au début de l’année 2020 aux Archives départementales de la Charente-Maritime par les Archives départementales des Deux-Sèvres.

Quand le train arrive à La Rochelle


En 1848, la compagnie Paris – Orléans (PO) prend la gestion de la ligne Paris-Bordeaux. En Charente-Inférieure, tenue à l’écart de cet axe majeur, l’inquiétude grandit. En 1852, les édiles rochelais et rochefortais se mobilisent. Ils obtiennent du gouvernement les 3/5e des fonds nécessaires à leur projet de desserte (soit 20 millions de francs). Le reste est vite réuni par souscription ou investi par le « PO ».
Les travaux de terrassement débutent, depuis Poitiers, en novembre 1853. En surmontant de nombreuses difficultés topographiques, d’où la construction de nombreux ouvrages d’art, la ville de Niort est atteinte en 1856. La gare de Rochelle est enfin inaugurée le 6 septembre 1857 et de grandes festivités organisées : bénédiction, cavalcade, banquet des officiels, illumination en soirée et grand bal.

Un architecte, deux ingénieurs ?


Les recherches effectuées par le Service régional de l’inventaire de Nouvelle-Aquitaine (antenne de Poitiers) dans les années 1990, dans le cadre de l’étude de l’architecture de la ville de La Rochelle, ont permis d’attribuer la construction de la première gare de la Rochelle aux ingénieurs Compaing et Morandin en 1855. Cette attribution a été établie à partir des plans du Génie conservés au Service historique de la Défense à Vincennes.
Aujourd’hui ce nouveau plan, signé de l’architecte Chevillard, apporte une autre information et pose question.

Dès le 19e siècle, architectes et ingénieurs collaborent et rivalisent souvent sur des projets de gares, perçues comme les nouveaux “temples”. Il n’est pas rare de voir la construction des bâtiments des grandes gares confiée à des architectes, et celle des halles ou verrières aux ingénieurs.
L’architecte signataire du plan pourrait être Claude Louis Justin Chevillard, architecte départemental actif en Deux-Sèvres dans la deuxième moitié du 19e siècle.
Est-ce que Chevillard, Compaing et Morandin ont travaillé ensemble sur le projet de la gare de La Rochelle ?
Des recherches complémentaires, notamment sur la formation et la carrière de Chevillard, pourraient apporter de nouveaux éclairages sur ce bâtiment.

Une gare aujourd’hui détruite

Cette première gare de La Rochelle est construite en brique, sur pilotis et colonnes en fonte. Une grande halle de métal et de verre couvre les quais et les voies. Les motifs en losange créés par la disposition des briques et la frange de dentelle en métal soulignant les toits lui donnent une allure élégante comme en témoignent les nombreuses anciennes cartes postales.
Malgré ces qualités constructives, cette gare est devenue rapidement obsolète.
Gare dite “en terminus”, elle ne permet pas les liaisons traversantes pour de futures lignes Nantes-La Rochelle-Rochefort-Bordeaux. De plus, située à proximité du port, ses possibilités d’extension sont limitées. L’administration des Chemins de fer de l’Etat décide donc la construction d’une nouvelle gare dont les plans sont dressés par Pierre-Joseph Esquié en 1909. Les travaux commencent en 1910 et sont interrompus par la guerre. La gare est alors investie par l’armée Américaine qui y installe une cantine, infirmerie, dortoir et une chaîne de montage de wagons. La gare est inaugurée en 1922.
L’ancienne gare est transformée en gare de marchandises dès 1922. La verrière est ensuite détruite. Le 24 novembre 1980, c’est au tour de la gare d’être entièrement détruite pour laisser place aux futurs aménagements (aquarium, esplanade et hôtel).

Dès la fin du 19e siècle, la gare est perçue comme le lieu emblématique du progrès et de l’industrialisation. De ces premières gares, certaines ont totalement disparu, d’autres sont abandonnées ou ont été transformées au fil du temps (habitation, bâtiments municipaux, etc.). Beaucoup d’entre elles ont été agrandies, réaménagées, modernisées et le seront encore pour s’adapter aux nouvelles circulations et aux mobilités de demain.  Le plan de Chevillard, conservé aux Archives départementales et présentés dans l’exposition Le Patrimoine de la Charente-Maritime, l’alchimie des éléments, reste un important témoignage de ce patrimoine charentais-maritime. Fragilisé, il sera prochainement restauré.

À voir prochainement :

L’exposition Le Patrimoine de la Charente-Maritime, l’alchimie des éléments. Archives départementales de la Charente-Maritime 35 rue François-de-Vaux-de-Foletier.
Renseignements : 05 46 45 17 77 ou archives@charente-maritilme.fr

À emprunter :

L’exposition itinérante Quai des Archives, une histoire des chemins de fer en Charente-Maritime.
Renseignements archives@charente-maritilme.fr

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dessin aquarellé, signé de l’architecte Chevillard