Publiée le 1 juillet 2021

Actualité

Doc du mois : Tous en maillot et à l’eau !

Des baigneurs à la plage, une brève histoire du maillot de bain.

© 78 Fi 1344 - AD17

Sur la carte postale de gauche, issue du fonds Aubineau, un groupe de personnes pose en vêtements de bain sur la plage de Châtelaillon. Elle a été éditée par H. Bonamy (Poitiers) au début du siècle et envoyée à un habitant de La Rochelle en 1907. Sur celle de droite, des Editions de luxe “Estel” Lavelle & Cie (Paris), on découvre les baigneurs au bord d’une piscine à Fouras entre 1950 et 1951. Ces deux cartes postales, conservées aux Archives départementales, permettent d’évoquer l’évolution des tenues de bain !

AD17 78 Fi 1344 Fonds Claude Aubineau (H. Bonamy édit. Poitiers) / AD17 14 Fi Fouras 54 (Editions de luxe “Estel” Lavelle & Cie. Paris). © DR.

Des stations balnéaires

Au début du XXe siècle, l'arrivée du chemin de fer encourage les loisirs maritimes et favorise le développement de véritables stations balnéaires comme Royan, Châtelaillon, Fouras ou Saint-Palais-sur-Mer. Les recommandations des médecins vantant les bienfaits des bains de mer en plus de ceux des eaux thermales accentuent ce phénomène.
Les plages sont aménagées, les promenades ombrées et les casinos apparaissent en nombre. Des cafés et autres établissements de commerce ou de bouche voient le jour, parfois directement installés sur le sable. Les hôtels, les chalets, les villas castels et les cottages sortent de terre. Les villes rivalisent entre elles pour promouvoir leurs plages et structures par des publicités ensoleillées. Les affiches touristiques mettent en avant les plages et leurs cabines, les produits de la mer, les baigneurs et les ports de plaisance.

Mode et plage au XXe siècle

Si les baigneurs se multiplient au début du XXe siècle, les costumes de bains restent bien différents de ceux que l’on connaît aujourd’hui. Hommes et femmes sont “emmaillotés” de plusieurs couches de “maille” donnant naissance au terme de “maillot de bain”.
Les hommes enfilent un maillot de bain rayé en laine, fait d’un seul tenant, couvrant le torse et les cuisses. Les femmes portent de très nombreux vêtements : un corset sous une tunique à manches mi-longues ou courtes, un pantalon large resserré aux chevilles puis plus tard aux genoux, un jupon, une jupe garnie de galons et un bonnet ou une charlotte en laine. Les corsages n’ont pas de décolletés.
Les tissus et tricots de laine se gorgent rapidement d’eau rendant toute baignade difficile. Les enfants, quant à eux, sont en costumes de marins et déjà armés de pelles et de seaux pour jouer.

La révolution du maillot de bain féminin

En 1912, aux Jeux Olympiques de Stockholm, Anne Kellerman, championne de natation, fait scandale avec un maillot de bain sombre intégral moulant. Ce nouveau maillot est vite plébiscité sur les plages car plus pratique. Une police des mœurs voit le jour en France et aux États-Unis : elle est chargée de mesurer la longueur des costumes de bain !
Dans les années 1920, le seuil de la pudeur change : on laisse voir les cuisses et les bretelles se généralisent. Le bronzage, signe d’une personnalité sportive et dynamique, devient tendance notamment grâce à sa promotion par Coco Chanel. Les surfaces couvertes par les maillots de bain se réduisent rapidement au regret des municipalités et des ligues de morale. Les tenues de plages sont réglementées et des arrêtés municipaux interdisent les costumes de bain « indécents », c’est-à-dire laissant apparaître le ventre ou le torse. Peu à peu, le jersey et le coton remplacent la laine.
En 1932, Atome, premier maillot de bain deux pièces, est créé par le couturier Jacques Heim. Son succès reste limité. Cette même année, le maillot masculin se transforme quand Johnny Weissmuler s’affiche torse nu dans Tarzan. Pour les femmes, il faudra attendre le bikini de Louis Réard présenté le 5 juillet 1946 à la piscine Molitor de Paris pour assister à une véritable révolution des mœurs. Ces trois triangles de tissu reliés par des ficelles, vendus dans des boîtes d’allumettes, marquent les esprits et sont interdits en Espagne, en Italie et dans certaines stations balnéaires françaises. Cette nouvelle tenue se démocratise finalement dans les années 1950 après que son prix ait baissé. Il devient un symbole de l’émancipation féminine. La réduction du tissu sur les corps continue, en 1962, avec le monokini de Rudi Gernreich puis avec diverses variations du bikini.

Pour aller plus loin :

  • André, R. (2006). Modes et maillots de bain. Nouvelles Editions Sutton.
  • Courtine, J-J (dir). (2006). Histoire du corps : Les mutations du regard, le XXe siècle. (3). Editions du Seuil.
  • Kourilenko, J. L. (2017). Bains de mer et convenances. Editions Sutton.  
  • Ory, P. (2008). L'Invention du bronzage : essai d'histoire culturelle. Editions Complexe.
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vêtements de bain sur la plage de Châtelaillon

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les baigneurs au bord d’une piscine