Doc du mois : Le Né, une rivière à découvrir
Daté de novembre 1626, ce plan du bourg de Celles est un dessin à la plume aquarellé sur parchemin. D’une très grande précision, ce plan nous fournit nombre de renseignements sur Celles au XVIIᵉ siècle et sur l’exploitation du territoire.
Document du mois : Plan du bourg de Celles et de ses environs. ADCM, 5 Fi CELLES 1.
Daté de novembre 1626, ce plan du bourg de Celles est un dessin à la plume aquarellé sur parchemin, réalisé par Louis Saultier. Restauré, il est conservé aux Archives départementales de la Charente-Maritime dans les fonds iconographiques.
Une source précieuse d’informations
D’une très grande précision, ce plan et sa légende nous fournissent nombre de renseignements sur le bourg qu’était Celles au XVIIᵉ siècle et sur l’exploitation du territoire : agriculture, moulins, ainsi que sur l’habitat. Pièce prestigieuse, elle est la représentation la plus ancienne, à cette échelle et à ce niveau de détail, conservée aux Archives départementales.
Y sont représentés les canaux partant de la rivière le Né, ainsi que l’implantation des moulins, l’emplacement des anciens ponts ainsi que les moulins de Bantard et de Moreau.
Né quelque part
Le fleuve de la Charente compte plusieurs affluents parmi lesquels la Boutonne, l’Antenne ou la Seugne – la rivière le Né en est un également. Courant sur plus de 65 km, cette dernière constitue, partiellement, une frontière entre le département de la Charente-Maritime et celui de la Charente. Le Né prend sa source à Voulgézac, en Charente, et rejoint le fleuve entre les communes de Salignac-sur-Charente et Merpins ; l’Arce ou l’Ecly comptent au nombre de ses affluents. Serpentant entre les marais, ses eaux sont poissonneuses et relativement épargnées par la pollution.
Un aménagement impossible ?
Si la rivière est aujourd’hui canalisée depuis le XIXe siècle dans sa partie aval, appelée « canal du Né », un aménagement de plus grande envergure était envisagé il y a près de 250 ans.
En 1776, le duc de La Vauguyon (1746-1828) projette de rendre le Né, pourtant peu enclin à accueillir plus que de simples barques, entièrement navigable. Soucieux de désenclaver la province de Saintonge et d’offrir de plus grands débouchés aux richesses de la région – eaux-de-vie, chanvres, toiles, huiles de noix, bois –, il écrit au secrétaire d’État Bertin le 17 octobre de la même année en lui demandant de "protéger un projet aussi évidemment avantageux à la province dont les intérêts lui sont confiés". (Mémoire envoyé le 17 octobre 1776 par le duc de La Vauguyon au secrétaire d’État Bertin. Document conservé aux Archives départementales de la Charente et cité par BRAASTAD Alain, CHAPELOT Jean et JOUANNET Gérard dans Charente, fleuve et symbole, p.159 et 160, Le Croît vif, 1992 (ADCM, PF 915)).
Ce projet trop ambitieux ne verra jamais le jour, bien qu’il vise aussi à éviter les inondations très fréquentes que connaissent les terres bordant la rivière : les 550 000 livres nécessaires à sa réalisation sont bien trop conséquentes.
La demande du duc de La Vauguyon illustre bien la prédominance, à l’époque, des transports fluviaux sur les transports terrestres – notamment concernant le commerce. La Charente était alors la voie la plus rapide et la plus sûre pour le transport de marchandises dans la région ; elle était aussi le lien entre l’arrière-pays et Rochefort, qu’il était ainsi facile d’approvisionner en denrées comme en artillerie.
Le transport par eau a dominé jusqu’au XXᵉ siècle, avant que les deux guerres et la concurrence grandissante des lignes de chemin de fer ne viennent y mettre un terme.
En ce moment
Exposition : Eau d’ici et eau de là… à la découverte de l’eau douce en Charente-MaritimeAux Archives départementales à La Rochelle
Du lundi au vendredi 9h-12h30 et 13h30-17h30
Entrée libre et gratuite