Doc du mois : l'irrigation des rues de Rochefort
Cette photo d’une rue de Rochefort témoigne des aménagements nécessaires à la ville pour son irrigation.
Il s’agit d’une plaque de verre, issue du fonds Bergevin conservé aux Archives départementales de la Charente-Maritime sous la cote 12 Fi.
De la difficulté de trouver une eau de qualité
Fondée en 1666 à la demande de Louis XIV – qui souhaite un port considérable pour protéger la façade atlantique –, la ville de Rochefort a longtemps souffert du peu d’eau potable présente sur son territoire.
Si une eau douce et saine est indispensable à la consommation quotidienne des Rochefortais, elle est, également, primordiale pour garantir une certaine propreté des rues. Pourtant, l’eau de la principale source de la ville, la Charente, n’est pas de bonne qualité : salée à marée haute, elle est surtout boueuse et nécessite d’être décantée avant de pouvoir être bue. Cela ne l’empêche pas de servir très tôt à l’irrigation des rues, ni même, parfois, à l’alimentation des habitants.
Les petits ruisseaux font les grandes irrigations
Au XVIIIe siècle, Rochefort voit ses rues pavées de calcaire de Martrou. Elles sont longées par des « ruisseaux », également pavés, qui permettaient l’irrigation de la voie publique et son nettoyage. L’eau utilisée est puisée dans la Charente. Le puisage de l’eau se fait au moyen d’une pompe à feu mise en service en 1785. En 1817, la création d’un bassin-réservoir augmente la capacité de stockage en eau et en facilite l’utilisation.
L’eau puisée par la pompe à feu alimente ensuite des fontaines du centre-ville et du faubourg : entre 1807 et 1809, treize d’entre elles sont d’ailleurs construites pour servir à l’irrigation des ruisseaux. Enfin, les eaux usées et les immondices sont évacuées, en direction de la Charente, par l’intermédiaire de canaux.
La pompe à feu est déplacée en 1857 et changée en 1866 ; elle continuera de fonctionner et de fournir l’eau nécessaire à l’irrigation des rues jusqu’au début du XXᵉ siècle – la date d’arrêt définitif de l’installation n’est pas connue précisément. En revanche, le bâtiment ayant abrité la seconde pompe à feu existe toujours : il se situe dans l’actuel port de plaisance de Rochefort.
Un fonds remarquable
Originaire de La Châtre (Sarthe), Raymond Bergevin (1878-1953) s’installe à La Rochelle, rue des Merciers, au début du XXe siècle. Passionné de photographie, il devient éditeur d’art sous le pseudonyme de Ramuntcho vers 1920.
A son décès, sa veuve fait don aux Archives départementales de ses négatifs, ses tirages, ses albums et de quelques documents sur l’entreprise. Ce fonds très riche pour la période 1920-1940, permet de comprendre la façon de travailler de Raymond Bergevin, de la prise de vue à l’édition finale, avec souvent de nombreuses variantes dans le cadrage, la mise en page et les couleurs.
Au-delà des considérations esthétiques, ses photographies ont désormais un intérêt ethnographique et historique indéniable.
En ce moment
Exposition : Eau d’ici et eau de là… à la découverte de l’eau douce en Charente-MaritimeAux Archives départementales à La Rochelle
Du lundi au vendredi 9h-12h30 et 13h30-17h30
Entrée libre et gratuite