L’histoire de France illustrée : L’ assassinat d’Henri IV
Pour ce mois de décembre 2017, les Archives départementales de la Charente-Maritime vous proposent de découvrir la planche pédagogique sur l'assassinat d'Henri IV.
Indissociables de la « classe d’autrefois » et des « leçons de choses », les planches murales apparues à la fin du XIXe siècle, sont largement utilisées jusqu’aux années 1970 par les instituteurs (et institutrices), conformément aux recommandations ministérielles, notamment pour socialiser les élèves.
Nées au lendemain de la Guerre, dans la Vienne, les éditions Rossignol (d’abord appelée « La coopération pédagogique »), installées en 1953 à Montmorillon, ont littéralement révolutionné la pédagogie grâce à une production de plus de 780 planches. Ces tableaux cartonnés étaient le support de toutes la matières enseignées : histoire, instruction civique, géographie, sciences, mathématique, français…
Les programmes scolaires (en classes élémentaires) préconisent la « réduction » de l’histoire à des « récits simples et concrets consacrés aux grandes figures et aux épisodes les plus marquants de notre vie nationale, à des commentaires de quelques documents originaux et de gravures représentant les grands monuments et des hommes célèbres ». De nombreuses libertés furent prises par les illustrateurs pour leurs mises en scène, lesquelles s’appuyaient, en outre, sur une lecture (officiellement) orientée des biographies et des évènements choisis.
La planche pédagogique "l'assassinat d'Henri IV"
Cet après-midi du 14 mai 1410, le « bon roi Henri IV » quitte le Louvre pour se rendre auprès de son ami Maximilien de Béthune, duc de Sully, en sa résidence de l’Arsenal. Quelques compagnons ont pris place à ses côtés dans le carrosse. Rue de la Ferronnerie (près des Halles et du cimetière des Saints-Innocents), une charrette de foin bloque le passage du modeste convoi. Tandis que les soldats et les valets tentent de dégager la voie, un homme sort de l’ombre, escalade le carrosse et, passant le bras par-dessus le duc d’Epernon, poignarde mortellement le roi…
Ainsi pourrait commencer la leçon d’histoire de France illustrée par cette planche pédagogique des éditions Rossignol.
Sur cette planche, de nombreux éléments appartiennent ainsi à l’imaginaire : l’architecture, les costumes, le carrosse sont fantaisistes. L’effroi des témoins (sans doute réel) souligne ici l’ambition du cours : la sanctuarisation d’une date (1610) voulue comme un pivot séparant la Renaissance et les Guerres de Religion de l’Ancien Régime et l’atteinte de l’affect par le lâche assassinat (personnifié par le régicide figuré de dos, en costume sombre, jailli de l’ombre) d’un roi intègre et pacificateur.
L’historiographe henricienne, renouvelée récemment, a quelque peu ébréché la légende du « bon Roi ». Plus partisan qu’il a été dit, plus contesté pour ses choix politiques, religieux et diplomatiques qu’on l’a longtemps cru, Henri IV, premier Bourbon à monter sur le trône de France, était sans aucun doute moins « populaire » qu’on l’a dit au XIXe siècle. L’acte de François Ravaillac apparaît aujourd’hui moins isolé.
Les Archives départementales de la Charente-Maritime conservent une collection exceptionnelle de 412 planches (sous-série 59 Fi) données ou collectées lors de visites d’inspection d’établissements scolaires du département.
L’ assassinat d’Henri IV
L’ assassinat d’Henri IV Planche n°33, collection Rossignol