La laiterie coopérative de Thairé-d’Aunis
Vers 1920 : le lait récolté auprès des fermes environnantes en charrettes à deux roues est acheminé jusqu'à la coopérative.
L’arrivée du lait à la laiterie coopérative de Thairé-d’Aunis vers 1920.
Ce cliché illustre le retour des tournées quotidiennes de collecte du lait auprès des fermes associées à la coopérative laitière de Thairé-d’Aunis. Il est issu du fonds Bergevin conservé Aux Archives départementales de la Charente-Maritime sous la cote 12 Fi.
Un fonds remarquable
Originaire de La Chârtre (Sarthe), Raymond Bergevin (1878-1953) s’installe à La Rochelle, rue des Merciers, au début du XXe siècle. Passionné de photographie, il devient éditeur d’art sous le pseudonyme de Ramuntcho vers 1920. Sa production de cartes postales, surtout, est vertigineuse.
A son décès, sa veuve fait don aux Archives départementales de ses négatifs, ses tirages, ses albums et de quelques documents sur l’entreprise. Ce fonds très riche pour la période 1920-1940, permet de comprendre la façon de travailler de Raymond Bergevin, de la prise de vue à l’édition finale, avec souvent de nombreuses variantes dans le cadrage, la mise en page et les couleurs.
Au-delà des considérations esthétiques, ses photographies ont désormais un intérêt ethnographique et historique indéniable.
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Les laiteries coopératives, un fleuron industriel oublié
A partir de 1875, avec la crise du phylloxéra, une profonde mutation s’opère dans le paysage et l’économie agricole de la Charente-Maritime.
En Aunis, les vignes détruites ne sont pas remplacées. Pour la reconversion de terres devenues incultes, deux options s’offrent aux paysans (à ceux, du moins, que la ruine a épargnée) : l’élevage et la culture céréalière. L’un et l’autre ne sont alors souvent pratiqués que dans un contexte de polyculture vivrière.
Un nouveau modèle agronomique se met bientôt en place. Dans les zones désormais acquises aux prairies, la conduite d’un nouveau mode d’élevage bovin ne peut s’affranchir d’une réflexion sur les débouchés commerciaux de la production laitière.
Le système coopératif apparaît rapidement comme le moyen le plus efficace de faire du lait une source de revenus fiable et durable, notamment par sa transformation en beurre. Seules les laiteries coopératives permettent en effet la fabrication d’un beurre « marchand », de bonne qualité et dans une quantité suffisante pour l’approvisionnement continu des nouveaux marchés urbains.
Leur essor, à l’aube du XXe siècle, est une telle réussite que la production beurrière locale ne tarde pas à figurer légitimement sur la carte de France des industries agro-alimentaires remarquables.
La laiterie de Thairé, fondée en 1893, compte dès ses débuts 124 exploitations sociétaires. Plusieurs fois agrandie et modernisée, elle est, en 1921, une des 4 plus grandes coopératives laitières du département (parmi 180 !). L’Entre-deux guerre est une période particulièrement prospère avec quelques 500 sociétaires en 1939… La laiterie peut même proposer à ses affiliés une assurance contre la mortalité des vaches. A la fabrication du beurre et de la caséine s’ajoute celle du fromage au début des années 1940. Celle-ci, d’inspiration suisse, et plus tard italienne et hollandaise, se substitue rapidement à la première. Les séchoirs et les caves d’affinage évincent alors les porcheries traditionnellement annexées pour absorber les sous-produits de fabrication. La dynamique ne faiblit pas les décennies suivantes…
La laiterie de Thairé ferme pourtant ses portes en 1975, suite à une grande restructuration administrative de la filière.
ADCM 12Fi Thairé-d’Aunis