Publiée le 13 avril 2022

Actualité

Doc du mois d'avril : Les quatre sergents de La Rochelle

Quatre jeunes hommes se saluant une dernière fois avant de monter à l’échafaud. Cette illustration réaliste évoque un épisode historique marquant de l’histoire du XIXe siècle, l’exécution des quatre sergents dits de La Rochelle, à Paris le 21 septembre 1822.

L’exécution des quatre sergents dits de La Rochelle, à Paris le 21 septembre 1822, a été abondamment entretenue par la presse et les publications libérales et républicaines.
Le document du mois est un extrait des Causes célèbres de tous les peuples, une série de fascicules rédigés par un professeur de philosophie, Armand Fourquier, sous le Second Empire (1852-1870). La 77e livraison, conservées aux Archives départementales de la Charente-Maritime sous la cote Br 5656, dont nous voyons la première page ci-dessous revient sur une affaire “devenue dans les souvenirs du peuple […] une touchante légende”, une condamnation à mort pour avoir refusé de dénoncer les membres d’un complot contre le régime.

Le contexte politique

En 1822, la France est gouvernée par une monarchie constitutionnelle, la Restauration, caractérisée par une liberté d’expression encadrée et par une participation des plus fortunés au pouvoir législatif via le suffrage censitaire.
Deux forces politiques principales s’affrontent. À droite, les ultraroyalistes souhaitent restreindre ces mêmes libertés et éprouvent la nostalgie de l’Ancien Régime. À gauche, les libéraux, qui souhaitent une extension des libertés publiques et un contrôle accru du pouvoir royal par la Chambre élue. Or, la réforme électorale de 1820 semble rendre impossible toute majorité de gauche, et de nombreux libéraux se tournent vers l’action clandestine afin de renverser le régime : plusieurs tentatives d’insurrection vont ainsi se dérouler.

Au même moment, l’Espagne et l’Italie sont secouées par une vague qui serait menée par la société secrète, la Charbonnerie. Transposée en France entre février et mai 1821 et patronnée par des députés influents comme Lafayette et Manuel, l’organisation multiplie les adhésions à Paris et en province mais aussi dans l’armée.
Plusieurs tentatives de soulèvement ont lieu à partir de décembre 1821, notamment à Saumur et Belfort puis à Thouars en février 1822. L'année précédente, une cellule de la Charbonnerie s’était créée dans le 45e régiment d’infanterie de ligne, alors stationné à Paris, sous l’impulsion du sergent-major Jean-François Bories. Ses principaux autres membres sont le sergent-major Jean-Joseph Pomier, les sergents Marius-Claude Raoulx et Charles Goubin.

Arrestation et condamnation

Inquiétant les administrations civiles et militaires, éloigné à dessein de la capitale, le régiment est envoyé à La Rochelle au début de l’année 1822. Jean-François Bories y est incarcéré en raison d’une rixe, dès le mois de février. Le mois suivant, au moment de la répression, le complot est dénoncé et ses trois camarades, ainsi que 21 complices, arrêtés.
Incarcérés dans un premier temps dans la Tour de la Lanterne, appelée souvent depuis Tour des Quatre Sergents, ils sont ensuite transférés à Paris où leur jugement a lieu devant la cour d’assises de la Seine du 21 août au 5 septembre. Refusant de dénoncer les chefs de la conjuration, les 4 sergents sont condamnés à mort et exécutés deux semaines plus tard.

Faisant preuve de courage et de conviction jusqu’au dernier moment, ils crient tous “Vive la liberté !” sur l’échafaud. Leur courage, leur jeunesse (ils ont tous moins de 27 ans), leur exécution alors même qu’ils n’avaient pas participé au moindre soulèvement armé, assurent la fortune posthume de leur mémoire, qui reste vivace jusqu’à la Seconde Guerre mondiale à travers récits, images d’Epinal ou cérémonies commémoratives, notamment à l’occasion du centenaire de leur exécution en 1922.

À vos agendas :

Le jeudi 14 avril 2022 à 18h Conférence : Les Quatre Sergents de La Rochelle, Par Jacques-Olivier BOUDON professeur à Sorbonne Université.

Les quatres sergents de La Rochelle