Publiée le 12 janvier 2022

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Doc du mois : Quand les rues changent de noms

Avec l'exemple de Jonzac, découvrez un tableau indiquant le changement de dénominations d’un certain nombre de rues, avenues et places de cette commune à la fin du XIXe siècle.

Daté approximativement du milieu des années 1890, ce tableau indique les anciennes et les nouvelles dénominations d’un certain nombre de voies de communication de Jonzac. Issu du fonds Ollivier (1000 J), il permet d’évoquer les luttes politiques entre républicains, bonapartistes et royalistes au XIXe siècle. De tout temps, les ruptures politiques de gouvernance ont été marquées par le contrôle de l’espace public : il passe par la construction de bâtiments, pavoisement de drapeaux ou d’emblèmes, ou par les odonymes, c’est-à-dire les noms donnés aux voies de communication (routes, rues ou places). Les modifier, c’est une façon de s’approprier le territoire.

Républicaniser l’espace

A la fin des années 1880, la victoire républicaine s’accompagne de nombreux changements de noms de rues, comme le montre l’exemple de Jonzac. Les anciennes dénominations sont essentiellement géographiques, même si l’on observe la disparition de la rue neuve de Bourbon, dont le nom glorifiant la famille royale française ne pouvait que plaire aux royalistes.

Les nouveaux noms traduisent une volonté de républicaniser cet espace, avec pour commencer l’avenue de la République. République et patriotisme étant indissociables aux yeux des républicains du XIXe siècle, les références à la guerre contre l’Allemagne de 1870-1871 sont nombreuses :  la mention de l’Alsace-Lorraine rappelle la perte de ces provinces alors que les efforts de résistance conduits par les républicains sont rappelés avec les noms des généraux Chanzy, Faidherbe et Denfert-Rochereau qui s’illustra lors de la défense héroïque de Belfort.

De grandes figures locales et nationales

Divers odonymes se réfèrent aux grandes figures républicaines décédées durant les années 1870 et 1880. Lucien Brard (1804-1887), l’un des pionniers de la République, député de Charente-Inférieure en 1848, décéda à Jonzac en 1883.

Les odonymes les plus nombreux sont ceux des grandes figures nationales qui fondèrent la IIIe République, comme Thiers (Adolphe Thiers, 1797-1877), considéré au moment de son décès en 1877 comme le père de la République, Gambetta (Léon Gambetta, 1838-1882), l’ardent promoteur de la lutte contre l’Allemagne mais aussi l’homme qui contribua à républicaniser les campagnes ou encore Paul Bert (1833-1886), l’un des fondateurs de l’école républicaine avec Jules Ferry (1832-1893) à qui il succéda.

Surtout n’oublions pas le nom de Victor Hugo (1802-1885), grand écrivain et ardent républicain, qui lui valut d’être banni de la France (9 janvier 1852) pour avoir participé à stimuler la résistance des ouvriers après le coup d’état du 2 décembre 1851 de Louis-Napoléon Bonaparte.

Le fonds Ollivier (1000 J)  concerne 3 générations d'architectes, Jules, Maurice et Maurice-Jules Ollivier ayant eu essentiellement une activité en Charente-Maritime, mais aussi dans les départements proches (Charente, Gironde, Dordogne). Rassemblant 6 600 plans, il est une riche source d'informations pour l’architecture de la fin du XIXe et du XXe siècles.

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État indicatif des dénominations nouvelles