La discipline ecclésiastique des Eglises réformées de France, 1583.
Document du mois des Archives départementales de la Charente-Maritime.
Octobre 2017
Arch. dép. Charente-Maritime, C134.
En matière d’archives, la forme et le fonds, disons l’intérêt historique d’un document, peuvent s’opposer. Ce carnet de 122 pages, de modestes dimensions (15 x 20 cm.), en fournit un parfait exemple : il contient un texte fondamental, la « Discipline ecclésiastique des Eglises réformées de France, c’est-à-dire l’ordre par lequel elles sont conduites et gouvernées ».
180 articles, répartis dans 14 chapitres, explicitent et organisent les différentes instances de gouvernement (consistoire, colloque, synode), les ministères (pasteurs, anciens), les fonctions (diacres), les sacrements et actes ecclésiastiques, le cadre réglementaire de l’Eglise réformée. Rédigé en 1583, ce livret correspond à un premier état de ce texte fondateur du protestantisme français.
L’Aunis et la Saintonge comptent parmi les provinces les plus précocement et les plus durablement converties aux « idées nouvelles » ou « réformées ».
L’adhésion semble d’ailleurs sensiblement plus précoce dans le « pays des Isles de Xainctonge » que dans le « gouvernement de la Rochelle ». Le négoce du sel et son transport par cabotage, notamment, y favorisait un brassage d’idées important. La religion tenait assurément une place centrale dans les conversations des gens de mer saintongeais. Cette population, dont la qualité des signatures suffit à percevoir l’instruction, paraissait particulièrement disposée à adhérer à une nouvelle façon de vivre sa foi chrétienne, d’autant que son mode de vie s’accommodait mal de l’encadrement pastoral traditionnel.
Mais la conversion reposa bientôt sur une assise large et cosmopolite, à la fois urbaine et rurale, intellectuelle et laborieuse, terrienne et maritime, recrutant dans les trois ordres.
Vers 1550 - 1555, une première génération de prédicateurs, s’adressant à des conventicules, contestataires d’un clergé local jugé indigne, céda la place à des prêcheurs capables de structurer la « nouvelle opinion ». Sous l’impulsion de ces ministres venus de Genève (où Calvin était installé), les communautés sortirent de la clandestinité, des Eglises réformées furent « plantées » puis « dressées » : Arvert (en 1555), Saintes (en 1557), Cognac, Marennes, Saint-Jean-d’Angély, La Rochelle (en 1558)… Les tentatives de répression n’entravèrent en rien la dynamique locale d’adhésion aux thèses calvinistes. Le maillage ecclésiastique réformé se mit en place. Il fallut l’organiser.
Une Confession de foi et les premiers articles de la Discipline ecclésiastique, adoptés en mai 1559 lors du Synode parisien, considéré comme le premier synode national, furent confirmés lors du synode de 1571 organisé dans la capitale aunisienne.
Les 40 articles de cette Confessio gallicana ou « Confession de foi de La Rochelle », énonçant la foi des protestants réformés du royaume de France, appuyés par une Discipline complétée et affirmée, allaient constituer le fondement des convictions des protestants réformés en France jusqu’à aujourd’hui.
NB : Ce document sera visible dans l’exposition « Huguenots d’Aunis et de Saintonge, de la Réformation à la Révolution », présentée aux Archives départementales de la Charente-Maritime du 9 novembre 2017 au 2 mars 2018 dans le cadre des célébrations européennes du 500e anniversaire de la proclamation des 95 thèses de Martin Luther.